dimanche, mars 28, 2010

« La Provence ignore le printemps réfléchi du Nord...»


« La région que j'ai atteinte et son rivage sont puissants à isoler l' « estrangier » qui s'éprend d'eux, de leurs saisons froides et chaudes, de leur population familière et distante, pleine d'un quant-à-soi local que nous ne comprendrions pas si nous ne demandions, au climat, des lumières sur les hommes qu'il modèle. La Provence ignore le printemps réfléchi du Nord et du Centre, le renouveau qui couvre la terre d'une avance égale. Ici, de décembre à mars, l'hiver lui-même étincelle de facettes printanières. Mais il arrive parfois qu'un caprice d'orientation morose, de sécheresse souterraine, refuse au mois d'avril toutes les grâces végétales.
Sur ma route, le printemps s'est ouvert vingt fois, vingt fois refermé entre Avignon et Saint-Raphaël. En Avignon, les platanes déjà feuillus murmuraient. Aux environs d'Aix ils dormaient encore, tout nus. Calavaire s'épanouit mais Saint-Tropez se réserve. Si la citadelle mire son versant Est dans une mer hivernale, du moins telles anses du golfe ont chacune leur printemps égoïste et délimité, pourvu de sa rose précoce, de son petit artichaut violacé, de son jeune oignon et de son rossignol. »

Colette, Journal à rebours (Provence).

1 commentaire:

Jean Pierre J. a dit…

Je viens de séjourner sur Avignon , et le retour me fait toujours traverser des forêts (sans vert printanier, hélas) de chênes verts et de Pin d'Alep. Tout cela pour retomber en Sud Ouest dans des forêts à aspect encore hivernal.Le chêne pubescent est long à se couvrir de feuilles.