dimanche, novembre 11, 2007

« Soudain une rangée de marronniers tout verts, pleins de vie... »

« Naturellement toute relève se fait de nuit, alors comprends aussi cette impression d’avoir quitté un ancien petit bois où il ne reste pas un arbre vivant, pas un arbre qui ait encore trois branches, et le matin suivant après deux ou trois heures de repos tout enfiévré voir soudain une rangée de marronniers tout verts, pleins de vie, pleins de sève, voir enfin quelque chose qui crée au lieu de voir quelque chose qui détruit ! »
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27 août 1916, extrait d'une lettre de René Pigeard
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«Paroles de Poilus : Lettres et carnets du front, 1914-1918».
Edition Gallimard, collection Librio

2 commentaires:

Jean Pierre J. a dit…

Il me semble que mon grand père fauché en pleine jeunesse en Novembre 1914 et dont on n'a jamais retrouvé le corps a au moins servi à enrichir la vie végétale. Ce n'est pas extraordinaire d'ailleurs sur notre planète ce grand échange constant de matière et d'énergie pour donner de nouveaux départs de vie.

Elisabeth.b a dit…

Cette guerre terrible et tous ces hommes qui disparurent... Parmi les lettres, celles d'un homme qui portait le même nom que le vôtre, René Jacob :

« Comment décrire ? Quels mots prendre ? Tout à l'heure nous avons traversé Meaux, encore figé dans l'immobilité et le silence, Meaux avec ses bateaux-lavoirs coulés dans la Marne et son pont détruit. Puis nous avons pris la route de Soissons et gravi la côte qui nous élevait sur le plateau du nord... Et alors, subitement, comme si un rideau de théâtre s'était levé devant nous le champ de bataille nous est apparu dans toute son horreur. »

1915