jeudi, mai 26, 2016

Chateaubriand, Le printemps en Bretagne...

 Claude Monet, Les Rochers de Belle île, la côte sauvage (Musée d'Orsay)


«Le printemps, en Bretagne, est plus doux qu’aux environs de Paris et fleurit trois semaines plus tôt. Les cinq oiseaux qui l’annoncent, l’hirondelle, le loriot, le coucou, la caille et le rossignol, arrivent avec de tièdes brises qui les hébergent dans les golfes de la Péninsule armoricaine. La terre se couvre de marguerites, de pensées, de jonquilles, de narcisses, de hyacinthes, de renoncules, d’anémones, comme les espaces abandonnés qui environnent Saint-Jean-de-Latran et Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome.
Des clairières se panachent d’élégantes et hautes fougères ; des champs de genêts et d’ajoncs resplendissent de fleurs, qu’on prendrait pour des papillons d’or posés sur des arbustes verts et bleuâtres. Les haies, au long desquelles abondent la fraise, la framboise et la violette, sont décorées d’églantiers, d’aubépine blanche et rose, de boules de neige, de chèvrefeuille, de convolvulus, de buis, de lierre à haies écarlates, de ronces dont les rejets brunis et courbés portent des feuilles et des fruits magnifiques. Tout fourmille d’abeilles et d’oiseaux : les essaims et les nids arrêtent les enfants à chaque pas. Le myrte et le laurier croissent en pleine terre ; la figue mûrit comme en Provence. »

Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe



Pour faciliter la lecture dans ce format, je me suis permis un retour à la ligne que le texte ne comporte pas.




2 commentaires:

Tania a dit…

Oserais-je avouer que je n'ai jamais lu ces Mémoires ? Ce bel extrait incite à la découverte.

Elisabeth.b a dit…

Chère Tania , je savais l'amour que l'on n'ose avouer. Je découvre que l'aveu de l'amour qui viendra peut-être a tout autant de charme.
Belle soirée et merci de votre si beau blog.