dimanche, juin 14, 2009

Du clos des pauvres aux jardins ouvriers, précieux potagers... sous contrôle

.
Photos : Jean-Noël Lafargue, Simon Howden.

Clos des pauvres, champs des pauvres. On les nomma d'abord ainsi. Au XIXe siècle, entre attirance et exil obligé, hommes et femmes quittèrent les campagnes pour s'installer dans les grandes villes industrielles. Le travail. Le travail et la grande pauvreté. On leur permit d'utiliser ces parcelles de terre qui jamais ne furent leurs. Le temps si rare du repos occupé à une autre tâche. 

Nourriture comptée. Malgré le travail redoublé, la terre fut-elle réconfort ? Mémoire si proche des champs abandonnés. Gestes transmis le long des siècles devenus inutiles. Tout un savoir inestimable, de ceux qui permettent la vie, allait s'oublier dans les usines. Pour créer d'autres richesses, avec le même soin, et les posséder si peu. . Nombre limité de places. Tous n'avaient pas accés à ces jardins. Le pauvre se doit de plaire et d'être convenable.

L'ouvrier lui, ce mauvais sujet, devait être éloigné des lieux de perdition : les cabarets, les salles de réunion. Certains osaient même aimer la vie et les femmes, redoutables expertes en pommes. Paradoxalement c’est au jardin qu’on les envoya pour les en éloigner. Et à l'Église, où se chantait un très ancien verger à l'accès réglementé.
.
Contraintes, limites et le génie des peuples. Dans les parcelles ensemencées toute une vie allait se développer. Lieu de récoltes et d'échanges, lieu de parole. Espace d'inventivité.

. Cet esprit a perduré. L'ingéniosité des occupants s'exprime dans les détails. Girouettes bricolées, cabanes, bancs et sièges improvisés, entrées portant la marque de l'artiste du lieu. Bonheur d'y être invité. Récoltes à venir ou récoltes du jour posées sur une table. Fêtes au jardin que nul n'impose, échappant à toute statistique. Seulement sur invitation. Annoncée ou fruit d'un hasard : une promenade, un sourire et la curiosité récompensée. On apprend tant dans ces jardins. Des hommes et des plantes.

Il existe une abondante documentation sur le sujet. Livres, textes en ligne. Quelques repères... à venir.  

________________

. Photos :

1- Jean-Noël Lafargue. Série jardin potager. Wikimedia, ici. Ce n'est pas celle un jardin ouvrier, mais à sa façon elle restitue l'esprit de ceux que j'ai pu connaître. Simplicité des moyens et un charme infini.
2 - Le chassis : auteur ? Photo wikimedia, ici
3 - Simon Howden. Free digital photo,
.
.

4 commentaires:

Jean Pierre J. a dit…

Retour vers les Flandres françaises avec le souvenir, encore vivace dans les années 50, de l'abbé Lemire, personnage du Nord un tantinet "anar" par rapport à l'institution ecclésiale et organisateur de jardins ouvriers.

Elisabeth.b a dit…

En effet... Très engagé. Est-ce pour cela que la rose qui porte son nom est rouge vif ? C'est une création récente de la maison Orard. En cherchant j'ai trouvé un portrait délicieux d'un membre de la famille : Pierre-Joseph. Du temps où l'entreprise s'appelait "Au Jardin des Roses"

Merci Jean-Pierre. Il faut que je lise un peu plus textes à propos de cet abbé étonnant. Sensibilisé au travail des femmes et des enfants, à la peine de mort, passant outre les remarques de sa hiérarchie...

Les premiers jardins ouvriers nous viennent des Ardennes ?

Plant medicinale a dit…

Bonjour,
Le jardin des pauvres qui est probablement le plus riche en émotions et certainement en souvenirs, j'avais oublié une partie de mon enfance merci de me l'avoir rappelée...

Elisabeth.b a dit…

Bonjour, belle journée à vous.